Zona : une interaction entre anticorps et protéines du système nerveux à l'origine des douleurs. Les douleurs ressenties pendant et après un zona seraient dues à l'interaction entre une protéine impliquée dans le fonctionnement du système nerveux et certains anticorps produits pour lutter contre la maladie, selon les travaux d'une équipe de chercheurs de l'université de Toyama et du RIKEN (Institut de Recherche en Physique et Chimie). Le zona est une pathologie qui se manifeste uniquement chez les personnes qui ont été atteintes de varicelle par le passé ; ces deux maladies sont en effet causées par le même virus. Ce dernier ne disparait pas complètement de l'organisme à la fin de la varicelle, mais s'installe dans les ganglions nerveux sensitifs où il reste à l'état de latence. Plusieurs années après, il peut être réactivé, et se déplacer jusqu'à la peau via les nerfs, provoquant une éruption cutanée très localisée et des douleurs. Si l'éruption disparait en environ un mois, certains patients développent une névralgie post-zostérienne : la zone où l'éruption a eu lieu peut rester hypersensible pendant une longue période, un contact léger suffisant à provoquer une douleur importante. La maladie se déclenche généralement chez les personnes de plus de 60 ans ainsi que chez les patients immunodéprimés. Le virus varicelle-zona produit une protéine, appelée IE62, qui déclenche chez le patient la production d'anticorps spécifiques dès le début du zona. Or, via des tests in vitro, les chercheurs ont constaté que certains anticorps anti-IE62 sont également capables de reconnaitre BDNF (brain derived neurotrophic factor), une protéine humaine impliquée dans les phénomènes de perception de la douleur. Ils ont observé que l'activité de BDNF est stimulée par la présence de ces anticorps. Par la suite, des anticorps de ce type ont été injectés dans l'espace intrathécal (qui entoure la moelle épinière) de souris SRI [1] et de souris témoins. L'injection a augmenté l'allodynie des souris SRI qui ont reçu les anticorps (par rapport à celle de souris SRI ayant reçu un placebo) ; en revanche, les souris dont le nerf sciatique est intact n'ont pas développé d'allodynie suite à l'injection d'anticorps. Les chercheurs concluent donc que les douleurs pendant et après le zona sont au moins en partie dûes à l'effet des anticorps anti-IE62 sur BDNF, ainsi qu'à l'endommagement des fibres nerveuses par le virus. Une meilleure compréhension de la maladie est une première étape pour mieux la traiter. Note : [1] une souris SRI (spared nerve injury) est une souris chez laquelle on a provoqué une neuropathie chronique en endommageant partiellement le nerf sciatique. En conséquence, l'un de ses membres développe une allodynie, c'est à dire qu'une sensation de douleur est entrainée par un stimulus léger qui ne devrait normalement pas en produire. source: buletins électroniques